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N’AYEZ PAS PEUR !

« N’ayez pas peur ! » Cette injonction revient trois cent soixante-cinq fois dans la Bible. Dans l’Ancien Testament, Dieu parle ainsi à ses prophètes pour les rassurer contre la terreur qu’ils ressentent à s’approcher du Créateur. Cet appel à dépasser la peur traverse tout l’Evangile dans un sens plus large et concerne davantage la peur de l’autre. N’écoutez plus la voix de la peur mais celle de l’amour, dit le Christ en substance. Partagez, même si vous avez peur de manquer ; donnez à ceux qui vous réclament, même si vous craignez qu’ils vous importunent encore ; accueillez l’étranger, même s’il vous fait peur ; sortez du repliement sur vous-mêmes et ouvrez grand votre cœur. L’amour est présenté par Jésus comme l’opposé et l’antidote de la peur, qui gouverne spontanément le cœur de l’homme, lequel ne sera jugé que sur l’amour.

C’est tout le sens du message évangélique, résumé dans la célèbre scène du Jugement dernier : « Venez à moi les bénis de mon Père, car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Matthieu, 25, 35). Depuis le XVIIIe siècle et les Lumières, ce message s’est laïcisé, inspirant le discours des droits de l’homme et devenant la substance même des valeurs du socialisme.

« N’ayez pas peur ! Entrez dans l’espérance ! » Lorsque j’ai entendu, au soir du premier tour de l’élection présidentielle, le leader du Front national faire allusion aux paroles du Christ, reprises par Jean-Paul II au début de son pontificat, j’ai eu froid dans le dos. Car si le socialisme s’imprègne des valeurs évangéliques en oubliant la source, ici on cite la source en tournant le dos aux valeurs. « N’ayez pas peur ! » dans la bouche de M. Le Pen, cela devient l’inverse de l’Evangile. Ne tremblez plus devant la menace immigrée ! Si nous sommes élus, nous bouterons les Arabes et les étrangers démunis hors de France comme jadis Jeanne d’Arc bouta les Anglais ! Nous rétablirons la peine de mort et mettrons un gardien de l’ordre à chaque coin de rue ! Comme l’ont souligné plusieurs évêques, rien n’est plus opposé au programme du Front national que le message évangélique.

La notion de “préférence nationale” est fortement combattue par le Christ. Scandalisant ses disciples qui, au nom du privilège de la nation israélite, ne peuvent admettre que la bonne nouvelle du salut soit annoncée aux nations païennes, Jésus proclame une religion universelle, où il n’y a plus de discrimination entre les hommes, où tous, quels que soient leur pays ou leur race, sont appelés au même salut. Après la mort du Christ, Paul devra encore lutter pour imposer cette vision face au scepticisme des apôtres : « Il n’y a ni Juif ni Grec ; ni esclave ni homme libre ; ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Galates, 3,28). M. Le Pen a le droit de penser et de dire ce qu’il veut, mais qu’il cesse de faire référence aux Evangiles, qui condamnent sans appel son message.


Il demande aux fidèles de ne pas avoir peur - "N’ayez pas peur" - d’ouvrir les frontières, d’ouvrir les systèmes économiques et politiques, ainsi que les domaines de la culture, du développement et de la civilisation. Il s’adresse ensuite aux Catholiques de France en français, leur ...


N’ayez pas peur !

Dès les premières minutes de son pontificat, Jean-Paul II a martelé une parole qui résonne encore aujourd’hui : « N’ayez pas peur ! ».

Ses mots précisément furent ceux-ci : « Aidez le pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ, servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et luis seul le sait ! Aujourd’hui, si souvent l’homme ignore ce qu’il porte au-dedans de lui, dans les profondeurs de son esprit et de son cœur. Si souvent il est incertain du sens de sa vie sur cette terre. Il est envahi par le doute qui se transforme en désespoir. Permettez donc, je vous prie, je vous implore avec humilité et confiance, permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a les paroles de vie, oui, de vie éternelle ! » (Homélie lors de la messe de son intronisation au Vatican, le 22 octobre 1978).

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Or, ses paroles sont, trente-six ans plus tard, plus que jamais d’actualité. On peut évidemment retirer l’évocation du Christ qui ne parle qu’aux croyants mais l’essentiel est dit : la société actuelle est en proie au doute, à un grand manque de confiance en elle, en ses capacités, en son identité, si bien que de nombreuses forces de repli sur elle-même se développent, sont puissantes, même électoralement.

C’est d’ailleurs le réel clivage politique en France face à la mondialisation des échanges, entre ceux qui, réalistes et pragmatiques (cela ne veut pas dire qu’ils s’en réjouissent), prennent note de ce mouvement mondial qu’ils ne peuvent pas stopper mais croient encore en leurs capacités de réagir et d’exceller, et ceux qui, minés par le doute, parfois de manière très justifiée parce que touchés de plein fouet par la crise économique (chômage, paupérisation, etc.), sont tentés par les sirènes du repli qui, pourtant, n’apporteraient aucune solution concrète pour améliorer leur situation (l’analyse des besoins en consommation nécessite l’ouverture des frontières).

La réponse très clairvoyante du pape qui venait juste d’être élu, à une époque où le monde politique et économique était particulièrement fermé, c’était justement de dire : "N’ayez pas peur !" dans le sens "N’ayez pas peur de vous ! Croyez en vous !"… On pourrait même ajouter l’idée : "Aide-toi et le ciel t’aidera !" même si le problème serait plutôt de savoir que l’on pourrait s’aider soi-même parce que l’on en aurait les moyens.

Article publié le 31 octobre 2023.


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