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La SNCF bichonne les non-grévistes

Alors que les cheminots s’engagent dans une bataille longue et difficile contre la réforme par ordonnances de la SNCF que le gouvernement prévoit de faire passer « avant l’été », la direction du groupe public a clairement choisi son camp et ce n’est pas celui de ses agents en lutte. Sans rien cacher de son adhésion totale au projet de l’exécutif qui précipite l’ouverture à la concurrence, transforme la SNCF en société de droit privé et casse le statut des cheminots, la direction tente désormais de faire barrage à la mobilisation.

Une note interne à l’entreprise relaie ainsi un « appel à candidature » destiné à tous les agents non grévistes volontaires pour devenir, le temps de la mobilisation, « accompagnateurs en vue de conforter les ADC (agents de conduite – ndlr) qui feraient le choix de ne pas faire grève à compter du 3 avril ». En somme, il s’agit d’offrir aux conducteurs de train non grévistes une « présence attentive et bienveillante », « un appui moral précieux » « pour exprimer la reconnaissance de l’entreprise en cette période de conflit dur qui s’annonce ». Contactée, la SNCF confirme. « En temps de grève, les conducteurs non grévistes sont plus exposés à la colère des clients », nous explique-t-on. Soit. Mais la communication de l’entreprise poursuit : « Les non-grévistes sont aussi exposés à la colère de leurs collègues grévistes. » Et c’est dans ce contexte que la direction assume de débaucher des « administratifs » pour assister les conducteurs. Les « gilets orange » sont fournis et les taxis pour amener et ramener les aspirants pris en charge. « On n’a pas de mal à trouver des agents volontaires », assure la SNCF.

Mais, pour casser le mouvement des cheminots, la direction ne s’arrête pas là
. Il y a avait déjà eu les trains supprimés sans motif pour empêcher les manifestants de rejoindre Paris, le 22 mars dernier, et les salariés venus du Royaume-Uni pour remplacer les grévistes dans les ateliers. Il y a désormais le flot des communications internes dissuasives. À destination des futurs grévistes, elles détaillent, entre autres, les règles en matière de retenues sur salaires – à effectuer « dès que possible » l’interdiction de transformer ses jours de grève en congés ou d’« étaler ses retenues ». Le rapport de forces est clairement enclenché, les premières assemblées générales de cheminots se tiendront le 3 avril.

Marin d’Allard

Article publié le 29 mars 2018.


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