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Les raisins de la colère

Si vous n’aviez pas encore de raison de vous syndiquer je vous en propose une : les vœux du ministre ou l’art et la manière de nous prendre pour des imbéciles.

Je ne me lasserai jamais de répéter la phrase de Darmanin aux camarades de l’Aisne le 24 octobre 2017 à la suite d’un déplacement dans ce département fortement touché par les réductions d’effectifs : «  Quand 30% des agents sont en grève, ça signifie que 70% soutiennent les réformes  » ...!!
Voilà bien résumé tout le mépris que les politiciens accordent aux fonctionnaires. A la lumière de cette pensée profonde ses vœux prennent une toute autre couleur.

Le texte est reproduit ci-dessous.

« Cette année sera placée sous le signe d’une
ambition collective : poursuivre et amplifier la transformation de la
direction générale des Finances publiques ! Ces dernières années,
vous avez montré collectivement comment une administration
peut se réinventer pour répondre aux besoins de ses usagers, et
offrir un service public de haute qualité en phase avec son époque.
Vous pouvez en être fiers.
(...)
Le premier défi, c’est de préparer la mise en place du prélèvement
à la source à compter du 1er janvier prochain. L’impôt contemporain
est un progrès majeur que les français attendent. En reportant d’un
an son entrée en vigueur, j’ai réuni les conditions du succès de cette
réforme. Il nous reste à transformer l’essai !

Le second défi est au coeur du projet de loi pour un État au service
d’une société de confiance que j’ai l’honneur de porter au Parlement.
C’est un changement profond dans le fonctionnement de nos
administrations : faire confiance aux usagers avec l’instauration du
droit à l’erreur, que la DGFiP a déjà mis en pratique ; faire confiance
aux agents publics qui seront encouragés à la prise d’initiatives ;
faire plus simple dans toutes nos procédures pour faciliter la vie de
nos concitoyens et des entreprises.

Le troisième défi, c’est la démarche « Action publique 2022 » qui
vise à redonner du sens, de la cohérence et de la lisibilité à l’action
publique, en apportant une plus grande qualité de service pour les
citoyens, de meilleures conditions de travail pour les agents et des
économies pour les Français. Chacun peut y contribuer, notamment
à l’occasion des forums organisés en régions ou en formulant des
contributions en ligne via le site du Forum de l’action publique.
Les agents des Finances publiques ont toujours été des pionniers de
la transformation. Je vous demande de le rester en reprenant, chacun
dans vos missions au quotidien, ces trois défis à votre compte.
 »

Reprendre chaque phrase serait fastidieux tellement l’article entier est en bois. Ce verbiage est insupportable pour nous autres agents des finances publiques qui n’avons connu que leur « transformation » qui n’aboutit qu’à une privatisation de nos missions, à un appauvrissement de notre culture professionnelle et à une dégradation ignoble de nos conditions de travail.
En deux mots : simplifier et liquider !

Ce n’est pas ces pseudo-forum où ils écoutent sans entendre notre colère devant la sape continue du service public. L’alibi des soi-disant attentes des Français est usé mais bien pratique pour justifier la société que ces politiciens souhaitent voir vaincre : celle des « winners » et du CAC40. Ils souhaitent un service public franchisé qui génère du profit.
Au diable le service au public, vive le service privé du public !

Vous noterez la minuscule à « Français » dans le paragraphe sur le prélèvement à la source. « Coquille » hurleront-ils mais c’est révélateur de la manière dont ces politiciens jugent le peuple : un troupeau aux ordres.

Les méthodes gouvernementales brutales auraient dû pourtant ouvrir les yeux des citoyens depuis longtemps. La casse du code du travail, la suppression du statut de la fonction publique, le salariat jetable pour le plus grand bonheur du Medef (avec la complicité de certaines centrales syndicales), la répression de l’expression syndicale et le mépris de classe sont les ferments d’une révolte froide. Steinbeck a écrit : « Dans l’âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent annonçant les vendanges prochaines. »

Une seule réponse : la lutte !

Article publié le 16 février 2018.


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