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Méga-feux : le démantèlement du service public brûle nos forêts et nos vies

La période caniculaire que nous avons vécu en juillet et août, couplée à de très nombreux incendies, a défrayé la chronique.

Loin de tout mysticisme et millénarisme inutile, rappelons ici les causes objectives, avec le réchauffement climatique, de la catastrophe.

Nos forêts sont en danger. Cette situation ne date pas de cet été. Depuis plusieurs années, l’État met en effet en place un démantèlement du service public forestier, et en particulier de l’Office national des forêts (ONF). Le 22 avril 2022, alors que les conséquences du dérèglement climatique entraînent le dépérissement de nos forêts et plus globalement de nos espaces naturels, le gouvernement décide de supprimer 500 emplois supplémentaires au sein de l’ONF d’ici à 2025.

Cette politique ne permet plus aux agentes et agents de l’ONF d’assurer un suivi sanitaire de nos forêts et d’œuvrer au renouvellement des peuplements forestiers. Pourtant, par leurs capacités exceptionnelles à stocker le carbone que nous émettons, à protéger la biodiversité et l’eau que nous buvons, la préservation de nos écosystèmes forestiers est un enjeu environnemental primordial.

Confrontés aux mêmes politiques qu’à l’ONF, les agentes et agents des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) ont, eux aussi, donné l’alerte à plusieurs reprises sur le manque de moyens humain et matériel. Macron qualifie les pompiers de « héros absolus » mais poursuit sa politique d’assèchement des services publics, de mise en concurrence, de dégradation des statuts et conditions de travail des personnels.

La situation chaotique actuelle est le résultat de dizaines d’années de désengagement de L’État, de suppression des dotations, de dénigrement du service public de la protection civile. L’état actuel de la flotte aérienne de la protection civile est révélateur du désengagement de l’État. Entre 2017 et aujourd’hui, la France a perdu 5 des 26 avions qu’elle possédait soit près d’un avion sur cinq. La flotte aérienne n’est pas une exception, les SDIS ont aussi perdu, ces dernières années, des centaines de camions citernes de lutte contre les feux de forêt (CCF). Là encore, par l’assèchement des moyens octroyés au service public, Macron fait le choix de laisser nos forêts brûler.

Privatisation des forêts et répression des usagers

L’espace forestier, dans sa diversité, fait partie de notre patrimoine. Les forêts, espace de loisir pour chacune et chacun d’entre nous, sont un bien commun et doivent appartenir au peuple. Pourtant la privatisation de la forêt s’est encore accélérée ces dernières années. Aujourd’hui près des trois quarts de l’espace forestier français est privatisé. Selon le Centre national de la propriété forestière (CNPF), 380 000 personnes physiques ou morales possèdent des forêts de plus de 4 hectares, qui totalisent à eux seuls 76 % de la forêt privée. Ce qui interdit, dans les faits, toute protection, collective et publique, réellement organisée. En favorisant et en accompagnant la privatisation de notre patrimoine forestier, en nous interdisant l’accès à notre territoire, Macron organise la parcellisation de la forêt qui empêche son développement, menace les écosystèmes et favorise la propagation du feu.

Face aux multiples incendies de l’été, Darmanin a annoncé la création de « gendarmes verts ». Selon le gouvernement, ces gendarmes spécialisés dans les atteintes à l’environnement seront chargés d’épauler leurs collègues pour enquêter sur les catastrophes naturelles et notamment les incendies. Refusant sciemment d’enrayer la destruction de nos forêts, Macron préfère focaliser le débat sur les suspects à l’origine des incendies, la seule responsabilité de l’État serait de traquer ces criminels. Selon la base Prométhée qui enregistre les données liées aux incendies dans le Sud-Est de la France, sur les 7698 hectares de forêt brûlée en 2020, 900 hectares l’ont été par acte de malveillance. Ce ne sont pas des effets d’annonce sécuritaire qui limiteront les incendies de forêt mais une autre politique forestière fondée sur la préservation des milieux et l’accompagnement des usagers.

Le droit à un environnement sain est une exigence sociale

Les crises environnementale et sanitaire que nous traversons montrent que le système au sein duquel nous vivons est incapable de les surmonter. Entièrement dévoué à une poignée de privilégiés qui pillent autant les richesses que nous produisons que celles produites par la nature, le capitalisme menace l’avenir de l’Humanité.

Face à ces logiques systémiques qui nous condamnent, il nous faut défendre le droit à un environnement sain articulé avec l’objectif de développement humain et de progrès social. C’est un droit humain, au même titre que les autres droits humains tout aussi fondamentaux, parmi lesquels, l’accès à l’eau, à une alimentation, à l’énergie, l’accès aux soins, à l’éducation, à un logement, etc. L’État doit garantir l’accès à ce droit en investissant massivement dans la préservation de l’environnement, notamment dans les services publics comme l’ONF ou la protection civile.

Les travailleuses et les travailleurs, l’ensemble de notre camp social, doivent comprendre que la crise écologique provient du mode capitaliste de production, qui a pour corollaire l’exploitation sans fin du travail humain et des ressources naturelles où la concurrence remplace la coopération. Pour résoudre la crise écologique, il faut liquider et éradiquer le capitalisme.

Article publié le 26 septembre 2022.


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