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6 juin : commémoration du débarquement allié en Normandie : Mais qui Zelensky vient-il commémorer ?

Le 6 juin constitue le point fort des commémorations du débarquement allié en Normandie. Depuis l’attaque de l’Allemagne nazie contre l’URSS commencée le 21 juin 1941, l’essentiel de la guerre se mène à l’est et c’est l’URSS qui en supporte le poids essentiel. Si dans la première phase de la guerre, les troupes nazies avancent, le retournement de la situation les met sur la défensive puis sur le reculoir. C’est au prix d’énormes sacrifices et de 23 millions de morts, le plus lourd tribut de tous les belligérants engagés dans la guerre, que l’Armée Rouge et les peuples soviétiques vont apporter la contribution essentielle à la défaite finale de l’Allemagne. C’est pourquoi, Depuis 1942, la direction soviétique presse les Alliés d’ouvrir un second front en Europe pour soulager ses troupes sur le front de l’Est. Pour mesurer la part relative des fronts Ouest et Est, à la fin de 1944, si 235 divisions allemandes s’opposent aux Soviétiques seulement 65 font face aux Alliés. C’est dire le rôle décisif de l’URSS dans la défaite de l’Allemagne nazie et dans la libération de l’Europe.
Évidemment, le rôle des troupes alliées sur le front Ouest, ainsi que celui de la Résistance intérieure française, largement animée par les communistes, dans la libération de la France ne saurait être mis en doute et le sacrifice de tous ces combattants doit être rappelé et célébré, comme doit être rappelé le rôle de tous les alliés de la coalition qui ont mis fin à l’Allemagne nazie et au cortège d’atrocités qu’elle a commises contre les peuples.
Le 16 avril, la mission Libération auprès du ministère des armées avait annoncé son intention d’inviter la Russie aux célébrations du 80e anniversaire du débarquement allié : " pour que l’importance de l’engagement et des sacrifices des peuples soviétiques, ainsi que sa contribution à la victoire de 1945, soient honorées ". Cette invitation ne donnait aucun quitus à la Russie pour ce qu’elle appelle son opération spéciale en Ukraine et que nous qualifions de guerre au sein de l’impérialisme sur le territoire de l’Ukraine. Le 30 mai, l’Élysée a renoncé à cette invitation à la Russie, pour lui substituer une invitation au Président ukrainien V. Zelensky.
Il ne s’agit pas de contester la participation et les sacrifices de l’Ukraine comme République Socialiste au sein de l’URSS à la lutte contre l’Allemagne nazie. Cependant, nous ne pouvons pas ignorer le rôle joué par les nationalistes ukrainiens qui choisirent de collaborer et se battre au côtés nazis, participant entre autres à l’extermination des juifs ukrainiens. Si dans la résistance, y compris en France, se retrouvèrent des combattants ukrainiens, ils étaient bien plus nombreux en Normandie et pas exactement du bon côté, y compris dans la division SS " Frundsberg " qui participa aux combats contre les alliés.
Or, l’Ukraine de l’après Maïdan, et du début de la guerre civile au Donbass et l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, se caractérise par des hommages appuyés aux collaborateurs avec l’Allemagne nazie. Ainsi, le Président ukrainien Petro Porochenko a-t-il promulgué, en mai 2015, les " lois de décommunisation ". Elles punissent la promotion des idées communistes, interdisent les symboles soviétiques et élèvent au rang de " combattants pour l’indépendance " des groupes antisémites ayant collaboré avec les nazis : l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), dont les milices participèrent à l’extermination des juifs, et sa branche militaire, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), responsable entre autres du massacre de cent mille Polonais.
L’une et l’autre bénéficient désormais d’un hommage national, le 14 octobre. Et chaque 1er janvier, à Kiev, une marche aux flambeaux honore la mémoire de Stepan Bandera, dirigeant de ces deux organisations et collaborateur du Troisième Reich. Ce Tableau serait incomplet sans mentionner l’intégration à l’armée, en mai 2014, du bataillon Azov, une milice néonazie qui emprunte son emblème à la division SS Das Reich.
Alors, comme ce fut le cas au Canada lors de la visite de V. Zelensky et de l’hommage vibrant apporté au Parlement à un ancien SS ukrainien en sa présence, la question se pose : Qui vient célébrer en France le 6 juin V. Zelensky ?

Article publié le 28 juin 2024.


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