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"Dénazification de l’Ukraine" : info ou intox ?

Tract unitéCGT

S’il n’y a pas de doutes que l’intervention militaire russe en Ukraine est entreprise avec des objectifs impérialistes, il faut toutefois noter que la « dénazification » du pays fait partie des justifications principales de Moscou.

Alors que les derniers combattants du bataillon Azov se préparent à rendre les armes face à l’armée russse à Marioupol, rappelons et martelons cette vérité : les bataillons nazis en Ukraine sont une réalité. Des dizaines de milliers de combattants se trouvent dans ces unités, pour certaines intégrés dans l’armée ukrainienne. De plus, si la principale force électorale fasciste en Ukraine, le parti Svoboda, est en perte de vitesse, il ne faut pas oublier que le nationalisme ukrainien, viscéralement anti-russe et anti-communiste, irrigue l’ensemble du spectre politique pro-OTAN et pro-UE en Ukraine. Enfin, des lois et des mesures prises depuis 2014 ont rendu possibles la réhabilitation des principaux nationalistes ukrainiens, collaborateurs des nazis pendant la seconde guerre mondiale, ainsi que la « dé-communisation » et « dé-russification » du pays.

Evidemment, le Parti Communiste ukrainien et le mouvement syndical indépendant ont été interdits, témoignant de la réalité de la « démocratie ukrainienne » si proches des valeurs de l’Union européenne….

Quelques éléments d’information sur la réalité de la mouvance, armée, néonazie en Ukraine

Depuis le coup d’état pro-OTAN et pro-UE dit de « l’EuroMaïdan » en 2014, l’Etat ukrainien n’a eu de cesse d’avoir recours à des milices fascistes, notamment lors des mouvements populaires anti-putschistes à Mariupol et à Odessa en 2014, ayant fait plus de 100 morts. Quoi de plus logique puisque ce sont justement les partis d’extrême droite tels que Svoboda qui se placent au premier plan de l’image politique du Maïdan tandis que les groupes fascistes tels que Secteur Droit participent à l’escalade de la violence dans les rues en s’attaquant directement aux syndicalistes et aux manifestants anti-maidan.

Rappelons également qu’en février 2014, ces milices jouèrent un rôle essentiel dans le coup d’Etat en prenant d’assaut les mairies des principales villes du pays. A l’époque, la presse occidentale prenait fait et cause pour ces « rebelles » et « démocrates » (sic).

Beaucoup de dirigeants ultranationalistes seront élus à la Rada d’Ukraine. On trouvera notamment Andriy Biletsky, fondateur du bataillon Azov et Andriy Parubiy, ancien membre du Parti Social-National d’Ukraine (Parubiy sera d’ailleurs élu président de la Rada).

C’est dans le sang et la répression du mouvement syndical et ouvrier qu’est né le bataillon Azov. Ce bataillon arborant comme symbole une version stylisée du Wolfsangel (utilisé notamment par la division SS "Das Reich" connue pour les atrocités commises à Oradour-sur-glane) est composé de membres issus des partis et groupuscules d’extrême droite dont Svoboda, Secteur Droit et plus largement le mouvement « Social-National d’Ukraine ».

À la suite de leurs exactions sanglantes dans ces villes, le gouvernement ukrainien incorpore ce bataillon, mais aussi d’autres formations comme les bataillons Aidar, Donbass et Secteur Droit à la Garde nationale cette même année. Cela leur permet de disposer d’une branche militaire équipée par l’OTAN ainsi que l’UE et de travailler avec les mercenaires de Blackwater pour écraser par la terreur le mouvement anti-maïdan en Ukraine orientale. Azov dispose d’une autre unité para-policier, le Corps National, notamment déployé en 2019 dans plusieurs villes par le ministère de l’intérieur ukrainien afin de « maintenir l’ordre pendant les élections ».

Les néonazis d’Azov ont joué un rôle important dès le début de la guerre du Donbass, un conflit maintenant oublié ayant fait plus de 14 000 victimes. Ils furent les premiers envoyés sur le front pour semer la terreur contre les populations de Donetsk et de Lugansk. Pendant plus de 8 ans, Azov fût responsable de nombreux crimes de guerre, plusieurs d’entre eux répertoriés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

Jamais, l’Etat ukrainien n’a réprimandé les actes de tortures et les bombardements des populations civiles du Donbass par les miliciens d’Azov ou de Secteur Droit. Au contraire, leurs dirigeants se voient récompensés pour leurs loyaux services envers la démocratie ukrainienne. Dmytro Yarosh, ancien dirigeant du Secteur droit, sera ainsi nommé conseiller du commandant en chef des armées d’Ukraine qui, rappelons-le, avait promis la "dé-russification de l’Ukraine".

Aujourd’hui, alors que la guerre fait rage en Ukraine, les combattants d’Azov sont de retour à Mariupol, encerclée par les troupes russes. Là-bas, ces milices fanatiques reproduisent une fois de plus leur sordide mode opératoire, lancent des chasses aux "espions et aux saboteurs". Les suspects sont ensuite traînés sur la place publique et violemment battus puis humiliés ou tués. Pire, les miliciens d’Azov prennent les civils en otage en empêchant ceux-ci d’évacuer et en plaçant leurs pièces d’artillerie et leurs hommes en armes dans des lieux résidentiels, des jardins d’enfants ou des hôpitaux. Des pratiques dignes des organisations terroristes telles que Al Nosra en Syrie et des Talibans en Afghanistan…

Les faits, et la réalité, sont têtus

Les "fact-checkers" de Libération et autres médias pro-OTAN tentent tant bien que mal de représenter ces criminels comme des patriotes défendant leurs pays et comme une minorité sans danger et sans influence ; est-ce donc pour cela que Zelensky a décerné la médaille de Héro de l’Ukraine à Dmytro Kotsyubalo, dirigeant de Secteur Droit, en novembre 2021 ?

Ces mêmes "fact-checkers" insistent sur le caractère inoffensif de ces milices en mentionnant leurs « faibles » effectifs. Or, on parle de milliers, voire de dizaine de milliers de combattants. Même l’OTAN a du supprimer sa photo du 8 mars qui mettait en valeur une militaire ukrainienne... qui portait un patch nazi.

D’autres prétendent également que le bataillon Azov se serait dépolitisé depuis l’invasion. Pourtant, les médias officiels de la Garde nationale ukrainienne exposent fièrement les soldats du bataillon en train de recouvrir leurs balles de graisse de porc en préparation au combat contre les soldats Tchétchènes musulmans… Rappelons que le manifeste politique de ce groupe affirme devoir « mener les races blanches du monde dans une croisade finale… contre les Untermenschen dirigés par les Sémites ».

Il est facile de fermer les yeux sur le caractère fasciste de l’Etat ukrainien et hurler à la propagande pro-russe lorsque ce sujet est abordé. On remarque cependant que ces bataillons ultranationalistes : Azov, Aidar et Secteur Droit, semblent être un bon tremplin pour entrer dans l’administration militaire ou la police ukrainienne. De plus, l’armée a officiellement repris le slogan des Bandéristes pendant la Seconde Guerre Mondiale, le fameux "gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !", le même slogan récemment hurlé, sous les applaudissements d’une foule qui ne parlait pas russe ou ukrainien, par des Femen sur le champ de Mars à Paris, au cours d’une action de soutien aux autorités ukrainiennes.

S’ajoutent à cela la campagne de « dé-communisation » entreprise depuis 2015 ainsi que la réhabilitation des collaborateurs fascistes notoires comme Stepan Bandera et Roman Shukhevych, qui voient des rues renommées en leurs noms, et des monuments à leur effigie se dresser dans plusieurs villes du pays.

Mais, nous pourrions aussi mentionner les hommages officiels rendus chaque année depuis la place Maïdan à Bandera et à ses acolytes, par l’État ukrainien pour le jour de son anniversaire ainsi que pour la "journée du défenseur de l’Ukraine" (célébrant la fondation de l’UPA, armée bandériste). Ces mêmes fêtes, devenues fêtes nationales, sont également les jours où défilent par centaines de milliers et dans de sinistres marches aux flambeaux, les militants d’Azov, de Secteur Droit et des autres groupes ultranationalistes à travers tout le pays. Elles sont souvent accompagnées de portraits des bourreaux de l’UPA et de militants affichant fièrement leur attachement à l’idéologie nazie.

Nous ajouterons finalement que Zelensky est un proche du milliardaire ukrainien Ihor Kolomoisky, généreux donateur au bataillon Azov. Les médias pro-OTAN s’efforcent de montrer une Ukraine démocratique où les nazis ne représenteraient qu’une infime partie des forces politiques et combattantes du pays, étrange lorsque ceux-ci ont, depuis 8 ans, toujours avancé à visage découvert et sans entraves

Article publié le 30 mai 2022.


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