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La Primaire, la maladie sénile de la démocratie bourgeoise

Le microcosme politique parisien et des centres-villes des grandes villes se réveille à chaque élection présidentielle pour tenter d’apporter des réponses faciles à la faiblesse des candidat.e.s de gauche (ou supposés être de gauche) dans les différents sondages d’opinion qui polluent l’espace médiatique.

Le grand remède miracle : La PRIMAIRE.

En 2016, ces mêmes milieux nous avaient pondu "Notre primaire" qui deviendra la "belle alliance populaire" & son fiasco politique. Et en 2021, après un restylage, voici la Primaire populaire.

En 2016, un site nommé "notreprimaire.fr" et une page dans Libération, lançait un appel pour demander l’organisation d’une grande primaire à gauche avant 2017. Cet appel creux, sans fond politique, si ce n’est celui du sempiternel "danger du Front national" était animé entre autre par la crevure libérale et anticommuniste Daniel Cohn-Bendit. Cet appel a abouti à la "Belle alliance populaire" et on a vu le fiasco que ce fut pour le Parti socialiste et ses alliés.

Aujourd’hui, même processus mais nouveau nom : la "Primaire populaire".

I- Un programme sans envergure face au capitalisme

Regardons de prêt ce que c’est (le programme de base, les candidatures choisie, etc.) et qui anime cette mascarade politique. Lorsque l’on perd son temps a lire les publications des promoteurs de la Primaire populaire on s’intéresse aux idées qui devraient permettre de "rassembler" un tas de courant politique autour d’un programme minimal.

Plusieurs propositions qui forment un "socle commun". Les grands thèmes portent essentiellement sur l’écologie, le social et les institutions.

Point 1 : Sur l’écologie

Sur les questions agricoles, le premier hic vient du maintient du cadre européen de la Politique Agricole Commune (PAC). Il y a clairement une méconnaissance des réalités de la PAC et des politiques agricoles en Europe.

Sur le climat, comme tout bon écologiste de droite, la sortie du nucléaire est la priorité (fixée à 2050), il n’y a aucune référence à la sortie prioritaire des énergies carbonées (pétrole, charbon et gaz). Aucune ambition affichée sur le développement des transports en commun (à la place on a juste des aides pour changer de voiture et interdire les SUV). La chose la plus hallucinante c’est l’ambition de créer des " communautés d’énergie", où comment créer des inégalités territoriales, ce vieux rêve des libéraux.

Il n’y a aucune ambition contre le réchauffement climatique (l’ennemi n’est ni le pétrole, ni le charbon, mais le nucléaire), et surtout ce projet laisse les mains libres aux entreprises privées de pouvoir spéculer sur les prix de l’énergie. Aucune nationalisation, et place aux allocations pour compenser les coûts de l’énergie. On est dans une approche totalement compatible avec le capitalisme.

Point 2 : Sur la République sociale

Il y a des choses intéressantes (suppression de la Loi travail, financement de la Sécurité sociale par les cotisations, hausse du SMIC et baisse du temps de travail), mais aussi de grosses limites fondamentales.

Les promoteurs de la Primaire populaire se positionnent en faveur de la garantie d’emploi, un plan visant à offrir des emplois aux chômeurs-chômeuses dans des projets écologiques et locaux. On ne sait pas qui se chargera de cela (l’État ? Un service public ? Des associations ?) ni vers ils seront employés (Entreprises privées ? service public ? collectivités ? associations ?) A noter que selon les promoteurs de cette Primaire Populaire tout ce beau programme économique ne peut être valide que si la même dynamique s’enclenche dans l’Union européenne.

Ce qu’il faut retenir : Il n’y a aucune remise en question du système capitaliste et du modèle néolibéral. Aucune nationalisation n’est à l’ordre du jour. Les grands groupes capitalistes continueront à faire ce qu’ils veulent , et les banques resteront libres de spéculer sur les marchés financiers. On est largement en dessous d’un programme keynésien et du capitalisme monopoliste d’état.

Point 3 : Sur la démocratie

Globalement il s’agit de propositions souvent pertinentes (proportionnelles aux élections législatives, limitation des mandats, processus constituant pour en finir avec les institutions de la Ve république, réforme de la justice). On voit que ce point est mieux maitrisé par les promoteurs de la Primaire populaire. C’est pas étonnant, cela marque la montée en puissance du "sociétal" sur "l’économique et social", c’est l’illustration de l’effacement de la lutte des classes au profit de combats spécifiques.

II- La petite bourgeoisie autoproclamée porte parole du "peuple de gauche"

Ne cherchez pas de prolétaires, de syndicalistes, d’ouvriers, de salarié.e.s dans l’équipe dirigeante, il n’y en a pas. Uniquement des gens issues des grandes écoles, des universités et du monde néolibéral.

Ne cherchez pas de prolétaires, de syndicalistes, d’ouvriers, de salarié.e.s dans parmi les soutiens de la Primaire populaire vous trouverez que des CSP+, des profs d’université, des patrons, des anciens politiciens (Noël Mamère).

Ils parlent constamment du "peuple de gauche" mais ne représente même pas ce dernier. Les milieux bobos se prennent encore pour les leaders du monde. Cette primaire justifie la fatalité et l’impuissance politique, justifie la domination des actionnaires, du patronat et la mondialisation capitaliste.

Ne tombons pas dans ce leurre, dans cette idée paresseuse qui ne changera rien au monde.

Alors que la majorité des travailleurs-travailleuses (le fameux peuple de gauche dont tout le monde parle, mais a qui il ne faut pas donner le pouvoir) ne votent plus, la priorité est de donner sa place au monde du travail, aux luttes sociales, à ceux qui produisent la richesse. Il faut pour cela un Parti communiste, "parti de la classe ouvrière", porte parole des travailleurs-travailleuses, des chômeurs-chômeuses ... Aujourd’hui il n’y a qu’un candidat qui se positionne là dessus, c’est Fabien Roussel.

Il faut reconquérir les classes populaires par un programme ambitieux, maximaliste, communiste et donner sa place à ceux qui luttent. Tomber dans le panneau de ces primaires serait fatal et n’enrayerait en rien la progression des idées nauséabondes du fascisme.

Cette primaire n’est ni plus ni moins que l’expression de la maladie sénile de la démocratie.

Article publié le 24 décembre 2021.


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