vous êtes ici : accueil > Actualités > Opinions

Le bal des faux culs

A l’occasion de la dissolution décidée par le Président de la république, dans la perspective des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, les faux culs sont de sortie.

A tout seigneur tout honneur, Emmanuel Macron.
Non seulement Président de la république, il a été organisateur et tête pensante de la liste conduite par Valérie Hayer, avec le succès qu’on lui connait. Il est aujourd’hui le porte parole des candidats de « Renaissance » qui vu son niveau de notoriété le trouvent en général trop encombrant. Il vante l’état du pouvoir d’achat des Français, la situation des services publics, la vivacité de notre industrie, s’interroge sur la laïcité, se félicite de notre système de santé et propose d’accélérer la réforme sur l’assurance chômage…
N’en jetez plus !

Mais il y a surtout les prétendants à une majorité, qui déjà débattent du visage du futur premier ministre, le Rassemblement National et la France Insoumise.

Pour le Rassemblement National, le grand écart demande une souplesse hors du commun.
D’un côté les promesses en direction des ouvriers ou salariés qui votent majoritairement pour lui.
De l’autre les reculs avant même d’être aux commandes sur tous les engagements démagogiques destinés à plumer la volaille, notamment l’abrogation de la réforme des retraites de Macron. Et le Rassemblement national multiplient les engagements auprès des patrons pour tenter de rallier ceux qui ont porté Macron au pouvoir.
Et il y a les actes, le refus d’augmenter le SMIC et les salaires, la volonté de baisser les « charges » qui ne sont rien d’autre que le salaire différé, socialisé, et donc l’accomplissement du vieux rêve des capitalistes, le manque à gagner évidemment pour l’école, la santé, les services publics en général, l’encouragement des primes au mérite, donc à la tête du client, l’approbation des réquisitions de salariés en période de grève, la protection des multinationales en cas de violation de droits humains ou environnementaux, le refus de défendre les travailleurs ubérisés par la loi qui leur accorderait les mêmes protections sociales que celles dont bénéficient les travailleurs sous contrat de travail…
Là encore n’en jetez plus !

Et « le nouveau Front populaire ».
Il y a une série d’engagements assez tentants. La hausse du Smic à 1600 euros, le blocage des prix des produits de première nécessité, le rétablissement de l’impôt sur la fortune, ou encore l’abrogation de la réforme des retraite ou de l’assurance chômage…
Mais en même temps il y a la soumission à l’Union Européenne qui de fait est un obstacle à toutes les bonnes intentions. Et le soutien à l’Ukraine à travers notamment le vote de toutes les aides qui permettent de financer la guerre. Le soutien de fait à l’économie de guerre définie par Macron qui ponctionne des milliards qui pourraient être destinés au bien-être des français et qui sont dirigés vers l’économie d’armement…
Donc là toujours, n’en jetez plus !

Et puis il y la les symboles qui font figure de programme.

L’investiture de François Hollande, sans doute parce que « mon ennemi c’est la finance ».
Foutage de gueule non ?

L’investiture d’Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, ancien ministre de la santé, artisan de la réforme des retraites de Macron qu’il s’agirait aujourd’hui d’abroger.
Là encore, foulage de gueule non ?

Le retrait d’Adrien Quatennens sous la pression des organisations néo-féministes pour qui aucune peine ne peut amender une gifle reconnue et condamnée. Un signe en direction de la mouvance « woke » et en l’occurence de MeToo, en direction du totalitarisme drapé dans les bonnes intentions.
Là toujours, foutage de gueule non ?

Et puis il y a les déclarations constitutives de ce nouveau Front populaire. Parmi elles, celles de Glucksmann qui donne le ton sur l’Ukraine et l’Union européenne, démenties par personne, acceptées par tous, et celles qui ont sans doute le plus de poids, celles de Jean Luc Mélenchon.
Il y aurait « la vieille France » incarnée par le vote Rassemblement National dit-il. La France périphérique donc bien analysée par Christophe Guilluy, la France délaissée, abandonnée, celle qu’on trouvait déjà à l’heure des Gilets jaunes, et la « nouvelle France », celle que veut incarner la France Insoumise, celle des « centres villes et des quartiers », la « France créolisée » concept qui lui permet de chercher un électorat de substitution à celui que la gauche a définitivement abandonné —depuis que la Fondation Terra Nova a donné le ton en 2011— au Front national d’abord, au Rassemblement National ensuite, l’électorat ouvrier et salarié.

Mélenchon en appelle directement aux vote communautaire, celui des croyants dans l’Islam —dont certains représentants ont été investis directement— celui des féministes, celui des « racisés »… Evoquant « la France au pied du mur » devant choisir « qui elle est », il affirme que « ceux qui s’appellent Français de souche posent un problème sérieux à la cohésion de la société ». Il va donc jusqu’au bout, condamnant les Français pour ce qu’ils sont !
Il mélange à loisir les « immigrés corses, bretons, maliens, algériens, marocains… » pour ne pas parler de ses accointances avec l’Islam politique, et évoque « la refondation de la France » et « cette nouvelle france que nous devons avoir à l’esprit quand nous entreprenons la politique du nouveau Front populaire ».
Là vraiment, n’en jetez plus !

Emmanuel Macron a le mérite dans la dissolution d’avoir dynamité les vieux cadres et ouvert —sans doute sans le vouloir— une période de crise politique qui tournera sans doute en crise de régime.

Pour cela, ses candidats devront être largement battus, sans aucune illusion ni espoir dans l’élection de quiconque à ces législatives. Derrière le bal des faux culs, la véritable fête s’annonce, du moins espérons-le, celle organisée et accomplie par les millions qui dans le pays n’en peuvent plus de la politique soumise aux intérêts du capital financier et de ses bras armés, les gouvernements de la 5è république, l’Union européenne, et l’OTAN, que tous en réalité s’engagent à respecter.

Jacques Cotta
Le 17 juin 2024

Article publié le 28 juin 2024.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.