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Le capitalisme au bord du gouffre : seule la classe ouvrière internationale peut offrir une alternative historique à la troisième guerre mondiale

Les quatre derniers mois ont été marqués par une série d’événements qui confirment que les
classes dirigeantes des principales puissances considèrent comme acquise la perspective d’une guerre généralisée. Les contradictions historiquement insolubles du capitalisme mondial font que la défense de chaque capital national devient une question de vie ou de mort pour chacun d’entre eux. Ce faisant, de purement économique et commerciale, la compétition chaque fois plus acharnée « s’élève » au plan politique, c’est-à-dire impérialiste. Sans solution économique, comme le démontre la crise financière de 2008 toujours pas « dépassée », les antagonismes impérialistes poussent et préparent le terrain pour une nouvelle guerre mondiale.

L’événement qui a marqué un tournant dans la concrétisation de la perspective d’une troisième guerre mondiale a été l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nous avions déjà affirmé que, tôt ou tard, la politique américaine d’endiguement de la Russie et de la Chine inciterait l’une ou l’autre à se rebiffer et à tenter de briser l’étau militairement. C’est exactement ce que nous voyons se produire avec la guerre en Ukraine. Alors que beaucoup s’attendaient à une résolution rapide, soit une victoire militaire rapide de la Russie, soit un effondrement financier et politique de la Russie en raison des sanctions occidentales, la guerre s’est déroulée tout à fait différemment. Il s’agit désormais d’une guerre dite d’attrition, dans laquelle l’Ukraine est désespéré#ment et progressivement submergée par la Russie. Les médias pro-occidentaux admettent de plus en plus que la production industrielle militaire russe est supérieure à celle de l’ensemble de l’Occident (Union Européenne et États-Unis) dans des domaines clés tels que les obus d’artillerie, les bombes téléguidées et les drones. En outre, la Russie est dans une meilleure position logistique pour soutenir une guerre à ses frontières que les appuis occidentaux de l’Ukraine. En effet, la Russie s’est déjà mise sur le pied de guerre [1] et les États-Unis et leurs alliés cherchent à combler l’écart au plus vite, ce qui impliquera des sacrifices encore plus importants de la part de la classe ouvrière dans le monde entier, mais en particulier en Europe et en Amérique du Nord, les centres historiques du capitalisme.

Ni la Russie, ni les États-Unis et leurs alliés européens ne considèrent la guerre comme un conflit isolé. Même si l’Otan cessait de soutenir l’Ukraine au niveau qui lui permet de continuer la guerre conventionnelle, cela ne rendrait pas moins urgente la nécessité pour les pays occidentaux de se préparer à une guerre avec la Russie. Bien au contraire. De même, la mobilisation prévue par la Russie d’une force d’environ 1 million de soldats sous contrat est plus qu’un moyen de porter un coup terrible à l’Ukraine, mais aussi une préparation à une éventuelle guerre contre l’Otan.

Bien que cela fasse une dizaine d’années que la pensée stratégique militaire américaine soit définitivement passée de la contre-insurrection ou des opérations de maintien de l’ordre de haute intensité à un conflit avec les « pays rivaux » (c’est-à-dire la Chine et la Russie), la préparation économique, industrielle, politique et sociale pour un tel conflit s’accélère aux États-Unis. L’un des éléments clés de cette préparation est ce que l’on appelle les Bidenomics. Pour prendre l’exemple de la production militaro-industrielle, il faudra probablement encore plusieurs années aux États-Unis et aux pays européens pour développer leurs capacités de production militaro-industrielle aux niveaux nécessaires pour assumer un conflit avec la Russie ou la Chine, sans parler des deux en même temps. L’industrie militaire devra de plus en plus passer sous le contrôle direct de l’État. Les usines doivent être adaptées à la production militaire. La production de produits stratégiques pour l’économie devra être relocalisée au plan national. Le fonctionnement de l’économie nationale devra être rationalisé dans une certaine mesure, pour une plus grande efficacité de l’État dans le contexte de la guerre inter-impérialiste. En bref, nous sommes confrontés à une transformation sociale radicale marquée par la fin des politiques et de l’idéologie néo-libérale des dernières décennies et caractérisée par une plus grande austérité pour la classe ouvrière au nom de la guerre impérialiste. Un élément essentiel de ce processus pour la bourgeoisie est de soumettre politiquement et idéologiquement la classe ouvrière, non seulement en tant que consommateurs-individus passifs observant le spectacle du bombardement d’une puissance de troisième ordre par une grande puissance militaire, mais aussi en tant que participants collectifs actifs à un processus qui sera douloureux pour la classe ouvrière, car il implique un affrontement direct entre des superpuissances économiques et militaires. Les enjeux et les coûts pour la classe ouvrière d’une guerre entre superpuissances nucléaires sont bien plus importants que ceux d’une guerre régionale de moindre intensité ou d’une opération de contre-insurrection. Par conséquent, du point de vue de la classe dirigeante, les conditions politiques préalables à ces deux types de guerre sont également très différentes. Il s’agit de la différence entre l’obtention d’un consentement passif – la nécessité minimale pour un État puissant de mener une guerre contre-insurrectionnelle ou tout autre guerre impérialiste locale – et la garantie de la participation active et massive de la classe ouvrière en tant que telle dans le projet d’une guerre majeure. Cette dernière est beaucoup plus douloureuse pour la classe ouvrière et augmente les enjeux de la lutte des classes, car la classe dirigeante est obligée de passer à l’offensive à l’intérieur du pays pour pouvoir poursuivre ses intérêts à l’étranger.

On peut entrevoir la barbarie qu’une grande guerre ré#serve à l’humanité par la guerre de punition collective et de déplacement forcé qu’Israël mène actuellement contre Gaza et qu’il a déclenchée à la suite du déchaînement meurtrier et barbare des militants et sympathisants du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre dernier.
Ce massacre n’a pas non plus épargné les civils. Le fait qu’il y ait une disproportion entre les 1600 victimes « coté israélien » et les 20 000 comptabilisés au moment où nous écrivons « côté palestinien » ne change rien à l’horreur des tueries et à la terreur subie par les populations et encore moins à leur caractère de classe, capitaliste et impérialiste, c’est-à-dire anti-prolétarien. Cette disparité est simplement l’expression du rapport de force militaire réel entre l’État capitaliste et impérialiste d’Israël et le projet politique d’un État palestinien, qui ne saurait être autre que capitaliste et impérialiste lui-aussi, et non d’une prétendue humanité ou nature progressiste du Hamas et d’autres fraction de la bourgeoisie palestinienne [2].

Les responsables israéliens n’ont pas hésité à comparer leur campagne militaire actuelle aux bombardements des villes allemandes et japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, qui visaient à tuer un grand nombre de civils. Tout comme le Hamas qui veut rejeter les juifs à la mer, le chef du mouvement de colonisation israélien a ouvertement appelé au nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza, ce qui résoudrait la « question palestinienne » pour Israël à Gaza. De hauts responsables israéliens ont tenu des propos déshumanisants et génocidaires à l’égard des Palestiniens. La brutalité de la campagne israélienne à Gaza et le chauvinisme extrême qui se manifeste en Israël sont limités à une zone géo-graphique relativement petite, mais ce ne sera pas le cas dans une hypothétique guerre mondiale. À cet égard au moins, les dirigeants politiques israéliens font une lecture assez perspicace de la situation mondiale. Ils comprennent que la situation mondiale actuelle porte en elle les germes d’une future guerre catastrophique, comme la Seconde Guerre mondiale mais potentiellement bien pire, et n’hésitent pas à rappeler aux dirigeants américains et européens que dans une guerre totale, les belligérants ne font que peu ou pas de distinction entre les cibles civiles et militaires.

Pour lutter efficacement contre la guerre, nous ne pouvons pas nous limiter à des protestations symboliques d’indignation morale face aux atrocités qui sont perpétrées. La seule façon de résister à cette dynamique de guerre mondiale et à la barbarie qu’elle implique est que la classe ouvrière lutte sur son propre terrain pour refuser les sacrifices nécessaires à la guerre, et cela dans tous les pays, qu’ils soient directement en guerre ou non, en Ukraine, en Russie, à Gaza et Israel comme partout ailleurs. En tant que classe qui reproduit matériellement la vie sociale quotidienne et dont les intérêts matériels sont diamétralement opposés à la guerre impérialiste, seule la classe ouvrière peut empêcher une guerre mondiale catastrophique. L’arme la plus efficace contre la guerre dans l’arsenal de la classe ouvrière est aujourd’hui la grève de masse, la grève géographique-ment étendue au-delà du cadre de l’entreprise, du syndicat ou du secteur, qui tente d’englober progressivement la plus grande partie possible de la classe ouvrière et poursuit des objectifs unificateurs à l’échelle de la classe. Seules des grèves de masse dans les grandes puissances peuvent imposer un rapport de forces de classe qui obligerait les principales classes dirigeantes à réfréner leurs ambitions impérialistes pour affronter leur principal ennemi, la classe ouvrière internationale.

Reprendre et réaliser les mots d’ordre adaptés au développement de la grève en masse, mots d’ordre que seuls les groupes communistes sont en capacité de mettre en avant de manière conséquente, est la voie à suivre pour être « efficace », c’est-à-dire faire « peur », ne serait-ce qu’un minimum, à la bourgeoisie. La grève de masse et l’opposition à tous les États capitalistes, jusqu’à leur destruction finale par l’insurrection ouvrière est la seule alternative à la guerre généralisée qui menace.

Article publié le 26 février 2024.


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