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Deux ans après, le ton est beaucoup moins triomphal. En mai, les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 sont revenus sur leur engagement d’avril 2021 de réaliser un événement « à contribution positive pour le climat », c’est-à-dire qui capte plus de gaz à effet de serre qu’il n’en émet. « Nous trouvons que ce n’est pas raisonnable scientifiquement et compte tenu de l’urgence », a justifié Benjamin Lévêque, responsable climat et biodiversité du comité d’organisation, à Franceinfo. L’objectif de neutralité carbone n’a pas non plus été retenu.
Désormais, les organisateurs prévoient un bilan carbone de 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2. Soit deux fois moins d’émissions que les jeux de Londres en 2012 et Rio en 2016, qui ont chacun rejeté dans l’atmosphère 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2, et moins que les jeux de Tokyo de 2020, dont le bilan carbone s’est établi à 1,96 million de tonnes. Pourtant, les Jeux s’étaient déroulés en pleine pandémie de Covid et sans spectateurs.
Si le détail du bilan prévisionnel pour les JO 2024 n’a pas été rendu public, l’organisation a livré une évaluation grossière de la répartition des émissions : 34 % devraient provenir des déplacements des spectateurs, des officiels et des athlètes, 33 % des constructions et 33 % des « opérations » (restauration, hébergement, logistique, etc.). Pour réduire au maximum l’impact environnemental, elle a adopté plusieurs mesures parmi lesquelles 95 % d’infrastructures existantes ou temporaires, des constructions moins carbonées ou encore une offre de restauration à 60 % végétarienne.
Mais ce bilan carbone, nettement moins ambitieux qu’il y a deux ans, laisse sceptique Martin Müller, professeur à l’université de Lausanne (Suisse) et spécialiste de la durabilité sociale, environnementale et économique des JO. « Il y a un manque de transparence autour du 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2. Je n’arrive pas à comprendre, en tant que chercheur, sur quelle base cela a été calculé », a-t-il ainsi regretté sur Franceinfo. Il critique aussi le recours à la compensation, un engagement « problématique » à l’efficacité douteuse.
Selon lui, d’autres mesures auraient été plus efficaces pour des jeux plus écologiques : réduire leur taille avec moins de spectateurs et d’athlètes, s’en tenir à deux ou trois villes d’accueil et confier l’évaluation de la durabilité de l’événement à un organisme indépendant.
Des étudiants expulsés de leurs résidences Crous
Autre éraflure sur le vernis des JO 2024, le sort réservé aux étudiants locataires des quelque 3 000 logements Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) franciliens qui seront réquisitionnés pour l’accueil des volontaires et des partenaires des jeux — forces de sécurité, soignants, chauffeurs, etc. « Pour permettre l’organisation de jeux olympiques destinés aux plus riches […], des étudiant.es vont donc être expulsé.es de chez eux pendant l’été 2024 et se retrouver sans logement ! », s’est indigné sur Twitter le syndicat L’Union étudiante. Devant les critiques, le ministère des Sports a assuré que tous les étudiants délogés retrouveront leur logement en septembre et que ceux qui le souhaitent seront relogés ailleurs durant l’été.
Article publié le 31 juillet 2024.