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Pour la CGT, il y a urgence à encadrer le télétravail

Législation Une nouvelle étude présentée par l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens souligne les dangers du travail à distance lorsqu’il n’est pas assez régulé.

par Samuel Ravier-Regnat

C’est Sophie Binet, la secrétaire générale de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict) de la CGT, qui le dit :« Il y a urgence à encadrer le télétravail. »La dirigeante syndicale s’est exprimée, ce lundi, depuis les locaux de sa formation à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à la veille de l’ouverture de négociations européennes sur le sujet, destinées à mettre à jour le cadre réglementaire en vigueur depuis 2002. « Urgence », et pour cause : le télétravail s’est développé de manière inédite en France depuis l’irruption de la pandémie de Covid, en mars 2020. Début 2021, il concernait plus d’un salarié sur quatre, contre seulement 4 % en 2019, selon le ministère du Travail.

Au risque de plomber durablement la santé et les économies des travailleurs... Des chiffres présentés lundi par l’Ugict racontent les dangers que peut susciter cette nouvelle organisation du travail. D’après un sondage réalisé par l’institut Viavoice auprès d’un millier d’individus, 69 % des cadres interrogés jugent que le fait de travailler à distance« ne les protège pas des durées excessives de travail »et encore 69 % voudraient disposer d’un« droit à la déconnexion effectif pour protéger leur vie privée et leur santé »– alors que celui-ci est, en théorie, garanti par une loi de 2016. Enfin, seuls 6 % des cadres assurent que leurs frais et équipements à domicile sont pris en charge intégralement par l’employeur. Une question qui pourrait devenir brûlante, au regard de l’explosion des prix du gaz et de l’électricité.

Risque de perte de contact

« La généralisation du télétravail transforme en profondeur le travail des cadres et des professions intermédiaires. Elle s’accompagne aussi d’une transformation des lieux de travail et des méthodes managériales », déplore Sophie Binet, qui cite comme exemple le recours accru au flex-office, ce mode d’organisation dans lequel les salariés n’ont pas de poste fixe et sont amenés à changer de place tous les jours… quand ils se rendent au travail. Pour les syndicats, le risque est de perdre le contact avec des travailleurs de moins en moins présents, d’autant que la législation, explique-t-elle, ne les autorise pas toujours à contacter les télétravailleurs quand ils sont chez eux. Sur un autre terrain, l’Ugict redoute aussi l’impact disproportionné du télétravail sur les femmes, plus fréquemment interrompues du fait d’une répartition asymétrique des tâches domestiques.

Autant d’inquiétudes qui appellent, estime la centrale syndicale, à renforcer la législation actuelle, fondée sur un accord interprofessionnel de 2005 modifié à l’automne 2020 par un nouveau texte, que la CGT avait rejeté.« L’encadrement du télétravail est insuffisant en France », martèle Sophie Binet, qui annonce la création imminente d’un observatoire du télétravail chargé de documenter, chaque année, l’évolution du phénomène. Les négociations européennes qui commencent, ce mardi, à Bruxelles, offrent une occasion idéale de revoir la copie hexagonale : elles aboutiront à une directive qui devra ensuite être transposée sous forme de loi par chacun des États membres de l’Union européenne.

Article publié le 3 octobre 2022.


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